Documentaires LGBTQ+ #1

En ce 17 mai, Journée Internationale de lutte contre les LGBTQ+phobies, nous avons eu envie de vous présenter les derniers documentaires abordant les thématiques d’identité de genre, d’orientation sexuelle, de transphobie ou encore d’intersexualité que nous avons visionnés et d’initier cette nouvelle série d’articles. Netflix regorge à ce titre de documentaires retraçant l’histoire de la marche des fiertés, relatant le portrait de figures historiques dans la lutte pour les droits des personnes LGBTQ+, racontant le quotidien de personnes queers, leur coming-out ou encore leur combat militant. Voici donc une première sélection de documentaires, disponibles facilement sur Netflix, sur Arte ou parfois même sur Youtube.


♥ Entre deux sexes, Régine Abadia – Youtube ♥

Entre deux sexes est un documentaire mettant en lumière ce qu’est réellement l’intersexualité ainsi que l’hermaphrodisme à travers les témoignages de Vincent Guillot et de l’artiste allemand Ins A Kromminga. Ce documentaire explique le traitement médical que subissent les personnes intersexes dès leur plus jeune âge : les mutilations génitales, destinées à rendre le sexe de l’enfant « normal », c’est-à-dire parfaitement « féminin » (bien que la biologie et la médecine ne devraient pas être genrées).

Ce documentaire éclaire selon moi une réalité bien trop méconnue et donne la parole aux personnes intersexes, leur permettant ainsi d’expliquer les conséquences et traumatismes liés à ces mutilations, d’exprimer ce qu’elles ressentent et d’afficher leur colère face à comment la médecine considère leur corps.

Pour aller plus loin sur ce thème et lire les écrits de Vincent Guillot :

Growing up Coy (Dans la peau de Coy), Eric Juhola – Netflix

Coy est une fille transgenre âgée de 6 ans. Ce documentaire retrace le combat de ses parents pour qu’elle puisse avoir accès aux toilettes des filles de son école et que ses droits soient reconnus. Il aborde les thèmes de la transidentité et de la dysphorie de genre sans toutefois approfondir ces notions, il s’agit plus de suivre le parcours de cette petite fille, d’en apprendre davantage sur sa vie, ses émotions, … Pour les fans de la série Orange is the new black, on peut brièvement apercevoir dans ce documentaire Laverne Cox.

Cependant, il m’a mis assez mal à l’aise vis-à-vis de Coy et de la façon dont ses parents la médiatise, alors qu’elle ne semble pas le vouloir. Coy paraît souffrir de devoir toujours expliquer les mêmes choses aux journalistes : son identité, sa relation avec les autres enfants, son envie d’aller dans les toilettes correspondant à son identité, … En la médiatisant ainsi, elle doit également faire face à beaucoup de transphobie de la part de personnes qui la mégenre et de médias réfutant et niant son identité, et même si elle n’a pas accès à toutes les réactions que ses interventions médiatiques ont suscitées, celles-ci sont très violentes et me paraissent très néfastes.

♥ The mask you live in, Jennifer Siebel Newsom – Netflix ♥

Gros coup de cœur pour ce documentaire qui questionne la notion de masculinité et décrit comment les petits garçons sont socialisés à se comporter « comme des hommes ». Petits garçons, adolescents, adultes ou encore pères de familles, hétéros ou homosexuels, ils racontent ce qu’on leur a inculqué toute leur vie et l’impact que cela a eu sur celle-ci : ne pas parler de ses sentiments, ne pas pleurer, avoir une vie sexuelle débordante, être fort, ne pas partager une trop grande intimité avec les autres garçons à l’école, rejeter tout ce qui pourrait paraître efféminé, …

 » The ways that boys are brought up made them hide all their natural, vulnerable and empathic feelings behind a mask of masculinity. And also, when they are most in pain, they can’t reach out and ask for help because they are not allowed to or they won’t be a real boy. They’re shamed into this and they’re very ashamed to break out of it.  So they live behind that emotional mask that keeps boys from expressing their true feelings » Dr Pollack

Il met également en lumière les conséquences de cette socialisation et de la pression engendrée qui les pousse à avoir honte de demander de l’aide, d’exprimer leurs douleurs, leurs peurs, de pleurer, … Délinquance, suicide, criminalité, viols, ce documentaire donne des statistiques consternants mais nécessaires et tente de les expliquer. Il questionne également le rôle de la représentation de la masculinité que nous avons, de notre culture et de notre éducation dans l’émergence d’une vision déshumanisante des femmes, de violences conjugales ou encore de la culture du viol.

« We raise boys to become men whose very identity is based on rejecting the feminine, and then we’re surprised when they don’t see women as being fully human. So we set them up. We set boys up to grow into men who disrespect women at a fundamental level, and then we wonder why we have the culture that we have »

Les témoignages qui m’ont le plus marqués sont notamment ceux des prisonniers, et encore une fois le documentaire montre que la criminalité est engendrée ou peut être expliquée par la socialisation de genre, que notre culture est à l’origine de la violence qu’elle condamne.

« The men that I worked with in the prisons had suffered all of these forms of child abuse to a degree I’ve never seen in any other setting. And to say they were dominated by shame is to say they didn’t have pride or self-love. whatever it’s homicidal violence or suicidal violence, people resort to such desesperate behavior only when they’re feeling overwhelmed by shame and humiliation. « 

 » We need more men who have the courage to stand up and speak out, even when it means taking a risk, to go into male culture and say some things that are gonna make other men uncomfortable. Because this is about leadership. We’re  asking men to use that privelege to develop a voice, to speak out, to stand up, to become part of the solution. It’s absolutely not about teaching boys something new. It’s not bout turning boys into girls, or something that they are not already. But it’s actually helping them to stay with or return to what they already know. Empathy and caring for other people, and being sympathetic toward people, these are not just feminine traits or behavior patterns. These are human patterns. We have responsibility to our sons to break down the systems of emotional constriction that leads so many men to have lives of quite desperation and depression and alcohol and substance abuse and all the other ways that men self-medicate.”

All in my family, Hao Wu – Netflix

Hao vit aux Etats-Unis avec son compagnon, Eric, lorsqu’il décide de faire son coming out à sa famille en Chine. Avec Eric, ils ont décidé d’avoir des enfants, tous les deux, en ayant recours à deux mères porteuses. All in my family est un documentaire joyeux relatant l’histoire d’une famille traditionnelle chinoise, leurs valeurs, comment annoncer son homosexualité à sa famille, comment les différentes générations que composent cette famille perçoivent l’homosexualité, la famille, la parentalité, … C’est un bon documentaire, qui permet de passer un bon moment devant la télé, mais il ne m’a pas beaucoup marquée et est assez peu politisé.

Homothérapies, conversion forcée – ARTE

Ce reportage réalisé par le journaliste d’investigation Bernard Nicolas et produit par ARTE nous plonge dans le monde obscur des « thérapies de conversion » destinées à « soigner » l’homosexualité considéré comme une déviance, une maladie, une œuvre du Diable. Ces associations délirantes dirigées par des pasteurs évangélistes, des prêtres catholiques ou des pseudo-psychothérapeutes fleurissent aux quatre coins du monde et particulièrement en Europe et aux États-Unis. Ces organisations prétendent « guérir » les personnes homosexuelles à travers des groupes de parole clandestins, des stages aux airs de camps de vacances ou des rituels qui vont de la messe de guérison aux cérémonies d’exorcisme ».

Nous découvrons alors les témoignages bouleversants de victimes de ces « thérapies destructives » qui ont eu des conséquences dévastatrices sur leur vie : haine de soi, dépression, addictions (alcoolisme, drogues), tentative de suicide… Ce documentaire terrifiant nous glace le sang et nous fait prendre conscience de l’ampleur de ces « thérapies de conversion » qui font chaque année des milliers de victimes.

Anaïs et Marie

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